DECLARATION LIMINAIRE COMITE SOCIAL D’ADMINISTRATION DU 02 JUILLET 2024

 

Chronique d’un drame annoncé

 

Ce CSA se tient aujourd’hui dans le contexte dramatique que l’on connaît suite au suicide de notre collègue et ami Philippe PROUZET, Greffier au Pôle de Protection et Proximité de Bordeaux.

Ce suicide est le 4ème suicide de fonctionnaire de greffe depuis le début de l’année. Il est le résultat d’une maltraitance institutionnelle généralisée, de fonctionnaires forcés de travailler dans des conditions de travail inacceptables, en sous-effectif chronique, sans formation préalable et avec des logiciels obsolètes.

Depuis des mois, l’UNSA SJ dénonce en CAP, au CSA M et au CSA SJ le mal être des greffes, les cadences insupportables, la pression constante de la hiérarchie de premier niveau et de la hiérarchie fonctionnelle sacrifiant la santé et parfois la vie des collègues sur l’autel des statistiques et du rendement. Ce ne sont pas des nouvelles réunions sur les risques psycho-sociaux remplies de vœux pieux et de bla bla qui vont apaiser notre souffrance ni calmer notre colère. JAMAIS ce drame ne doit se reproduire. JAMAIS. Seule une profonde réflexion et un changement drastique d’organisation et de méthode de management peut empêcher que ce drame se reproduise.

Le greffe souffre d’un sous-effectif chronique accentué par la réforme TI-TGI. Les arbitrages régionaux mettent tous l’accent sur l’activité pénale, activité judiciaire la plus visible … les anciennes juridictions de proximité ont perdu la localisation de leur poste et ont été littéralement déshabillés alors que les greffes pénaux ne s’en sortent pas mieux tant la paupérisation des grandes villes a accru leur activité. Si le ministère ne se décide pas à recruter du personnel de greffe, alors il faut, au niveau régional acter officiellement la réduction de la voilure, l’allongement des délais, c’est la seule solution envisageable si l’on veut prévenir la survenance d’un nouveau drame.

Chacun, à son niveau, doit réfléchir, faire son analyse, en son âme et conscience sur son positionnement, sur sa façon d’être qui aurait pu accroitre le mal-être ou au contraire faire descendre la pression.

Aujourd’hui, nous souffrons, nous sommes en rage mais nous sommes toujours là, fidèles au poste pour assurer la continuité du service public régalien et le rendu de la justice…l’armée de l’ombre, la colonne vertébrale des tribunaux… Nous sommes le dernier maillon de la chaine, le plus humble, le plus discret mais celui qui, in fine, tient les tribunaux à bout de bras et sur qui toute la pression redescend.

Je sais à quel point le constat dressé est dur à lire, tout autant qu’il l’a été à écrire mais si rien de change si aucune solution n’est trouvée d’autres drames comme celui que nous traversons se reproduiront.


LE BUREAU DE SECTEUR DU RESSORT DE BORDEAUX